Pour les amoureu-x/-ses inconditionnel/les de la voiture de collection Française décapotable grise anthracite terne indémodable à forte tendance cabossée qui ne sera jamais côtée à l'Argus, digne de l'inspecteur Gadget : c'est à dire plafonnées à 60 dans les lignes droites, 90 dans les virages ; du fumeur de gros cigares rarement allumés, souvent aux lèvres, parfois proposés, toujours acceptés : c'est à dire mendiés sans en avoir l'air ; du buveur de café froid au petit matin frais, la tronche en biais, la paupière lourde (autant dire en pyjama sous l'imperméable froissé, la cravate en vrac) ; du gobeur compulsif d'oeufs de caille épluchés dans le cendrier et accessoirement gobés ; du réveillé en pleine nuit pour visiter une villa de milliardaire avec vue plongeante sur le cadavre au milieu du salon ; de l'amateur malgré lui de bassets apathiques à forte tendance désespérante pour l'immobilisme amorphe, longues oreilles sur les tympans donc sourds donc préfèrant n'obéïr qu'à soi-même ; du justicier du genre Droopy : c'est à dire chassé par la porte revenant par la fenêtre, chassé par la fenêtre revenant par la cheminée, chassé par la cheminée revenant par la cave... etc, etc, etc... la fausse modestie admirative collée à la glue au visage, vraie efficacité implaccable avec ou sans petit carnet oublié au fond d'une poche trouée, c'est à dire : coupable détecté avant la troisième minute de la première rencontre, sinon au troisième indice complètement discutable qui ne laissse plus plâner le moindre doute possible ; à forte tendance maniaco-psychotique pour le micro-détail insoupçonnable que personne n'a vu et ne verra jamais. Aux amoureux donc, disais-je, de l'ordre chronologique : voici une playlist complète pour vous, rangée dans l'ordre donc et chronologique s'il vous plaît.<br /><br />**1967 à 2003, 69 épisodes, 18 saisons et jamais suffisants pour les inconditionnels de mon espèce. Mais tellement bon après trois décennies de frustration !**<br /><br />*Alors -- après avoir vu ceux qu'on a pu capter sur l'écran à tube catodique familial de la décennie 80, en pleine adolescence, bien plus tard sur un ou deux DVD hasardeux empruntés à la médiathèque locale, plus tard encore les rares en téléchargement libre que la générosité offre parfois (en échange d'une mendicité de donation/soutien) -- on exulte de joie quand on tombe, E-N-F-I-N, à 51 ans, sur toute la collection, entière, en VF, téléchargeable sans rien en échange ! Pour le dire autrement : 2021 fut mon année Columbienne, 2 à 3 épisodes/semaine en injection par intra-veineuse, ma drogue dure, mes instants de pure nostalgie, sourire aux lèvres, pupilles grandes ouvertes et sentiments d'un passé mort et enterré dont je n'ai jamais autant aimé me souvenir.<br />*<br />*Que vos Columbo soient source à votre manière de votre plaisir, servez-vous, c'est fait pour et ne remerciez pas celui qui les a classé parmi d'autres, mais celui qui les a diffusé.*<br /><br />J'ai quand-même envie de conclure comme ça :<br /><br />Peter Falk n'est mort qu'au cimetière. Dans la tête et le coeur de ses fans ou de son double en imperméable beige il est juste immortel, ressucité à chaque épisode re-visionné.<br /><br />On nous traitera d'has-been révolus, de vieux jeux périmés, d'incurables nostalgiques alors que seul le présent compte, puis de puérils sentimentaux... Moi, je répondrai toujours : l'humain véritable n'est pas un cynique numérisé, planqué derrière son écran plat pour vomir avec des doigts sur le clavier sa rage de vivre douloureusement, programmé par la pyramide sociale de psychopathes qui nous gouvernent et nous disent quoi aimer, comment penser et à qui le dire. Ceci se nomme mouton et marionnette. Peter Falk était un esprit libre, un lucide, un amusé, une intelligence vive, un coeur qui se donne, un singulier, un inimittable, un lui-même, un tellement attachant qu'il est impossible de l'oublier quand on l'a aimé de chair et d'os sous un imperméable deux fois trop grand.