Une enfance crucifiée<br /><br />A Temps Présent, nous suivons depuis longtemps le dossier douloureux des enfants placés dans les institutions catholiques, jusqu’à la fin des années 70. <br />La brutalité avec laquelle ils ont été traités, les viols systématiques par des prêtres, cela a été documentés par les historiens et l’Eglise a récemment fait son mea culpa, commencé un travail de réparation. <br />Mais a-t-on pris toute la mesure de ce qui s’est vraiment passé ? De ces années de honte et de souffrance, dans cette Suisse si paisible, de cette Eglise toute puissante, qui a brisé, et détruit les vies de générations d’enfants abandonnés à la perversité d’un système intouchable. <br />Ce que vous allez entendre et voir dans le reportage que nous vous proposons ce soir dépasse l’entendement. <br />Laurence Gemperle et Steven Artels ont minutieusement retracé ce que s’est passé derrière les murs d’une institution, l’Institut Marini, dans le canton de Fribourg. Avec l’aide des archives et des historiens, nous sommes en mesure de raconter le goulag au quotidien que 1500 enfants ont vécu à Marini. Devenus adultes, certains d’entre eux nous disent comment ils ont été marqués à vie et ne pardonneront jamais. <br />Vous saviez bien sûr que des prêtres pédophiles ont violé des enfants, mais saviez-vous qu’ils allaient jusqu’à se transmettre les noms de leurs victimes préférées, à se les passer entre eux, dans l’impunité la plus totale ? <br />Et il y a pire encore : notre enquête démontre que certains enfants, comme ailleurs en Europe, sont décédés à Marini, dans des conditions troubles, victimes de maltraitance ou poussés au suicide.<br />Sachez encore que la disparition d’enfants victimes de maltraitance au sein d’institutions de l’Eglise catholique est une triste réalité. <br />En 2014, l’Irlande découvrait avec horreur l’existence d’une fosse commune de près de 800 enfants de mères célibataires, décédés pour une partie suite à des actes de maltraitance. <br />Les soupçons concernant Marini ne sont évidemment pas d’une telle ampleur, mais la façon dont l’Eglise a couvert ces crimes est hélas universelle.<br /><br />Un reportage de Steven Artels et Laurence Gemperle<br />Image : Fabien Wohlschlag <br />Son : Beat Lambert <br />Montage : Robert Mabillard